L'Estonie et le rallye
Avant toute chose, remontons un tout petit peu dans le temps... pas trop loin non plus puisque le premier championnat WRC remonte a 1973. Sans remonter aussi loin, précisons que le ''grand-frère'' finlandais a très longtemps non seulement dominé mais aussi lancé d'excellents pilotes en WRC (Vatanen, Kankkunen, Mäkinen, Grönholm, Latvala...) et que l'Estonie a très probablement été inspirée par ces succès.
Il aura fallu attendre l'indépendance de 1991 et quelques années supplémentaires pour trouver leur première star du rallye en la personne de Markko Märtin. C'est lui qui a véritablement lancé le rallye estonien en remportant 5 victoires entre 2003 et 2004. Il réussi sa meilleure saison en 2004 en finissant 3e du championnat du monde (à 3 points seulement du second, Peter Solberg. Loeb gagnant le titre assez largement). Malheureusement la belle histoire va se terminer en 2005 durant la dernière spéciale du Rallye du Pays de Galles ou sa Peugeot va finir contre un arbre et tuer sur le coup son co-pilote, Michael Park. Martin, extrêmement touché par l'accident met un terme non seulement à sa saison mais aussi a son aventure en WRC.
la montée en puissance de la second génération
la montée en puissance de la second génération
La relève arrive rapidement puisque d'autres Estoniens font leur apparition en WRC durant ces années, notamment Urmo Aava qui obtiendra un 4e place au rallye de Grèce en 2004 au volant d'une Citroën C4 pour se retirer du WRC en 2009.
Quelques années plus tard, deux Estoniens pointent le bout de leur nez: Karl Kruuda et Ott Tänak. Le premier ne s'illustrera jamais vraiment car n'ayant pas accès a une voiture assez compétitive (meilleure place: 10e au rallye de Finlande en 2014), tandis que le second malgré des débuts prometteurs mais multiplier les accidents et ainsi retarder son ascension.
L'étoile Tänak s'envole
L'étoile Tänak s'envole
Ott Tänak va d'abord s'illustrer en Estonie en remportant le championnat national en 2008 et 2009 en conduisant pour l'équipe managée par ... Markko Märtin.
- Les débuts en WRC 2 et 3.....
Il fait ses débuts en WRC en 2009 au Rallye du Portugal et obtient une modeste 20e place. Sa victoire au programme Pirelli Star Driver lui offre l'opportunité de disputer 6 épreuves du calendrier WRC 2010. Il y remporte en catégorie P-WRC (ou WRC 3) les rallyes de Grande-Bretagne et Finlande, ce qui lui permet de signer un contrat de 5 ans avec Ford et de participer à 7 rallyes en 2011 au volant d'une Ford Fiesta S2000 (WRC 2) préparée par MM-Motorport sous les instructions de Markko Märtin. Il remporte 3 rallyes en WRC 2 (alors S-WRC). Cette année, il marque ses premiers points WRC en terminant 10e du rallye du Mexique, puis 7e en Italie.
Malgré quelques accidents évitables, notamment en Grèce oú il menait les débats avant de partir en tonneaux durant la 1e spéciale du second jour ; oú en Espagne quand il tape une pierre durant la première spéciale et l’empêche de disputer le titre S-WRC a Juho Hänninen, ces résultats prometteurs lui offrent un volant chez M-Sport (Ford) pour le dernier rallye de la saison et pour 2012, en tant que pilote numéro 1. Il termine 2011 sur une bonne note et se plaçant 6e du rallye de Grande-Bretagne, pour la première fois au volant d'une voiture WRC, mais destinée principalement á tester les pneus DMACK 2012.
Des débuts avortés en WRC avec M-Sport en 2012
Des débuts avortés en WRC avec M-Sport en 2012
C'est donc avec M-Sport que Tänak débute le WRC en 2012 équipé d'une Ford Fiesta RS WRC. Il joue donc dans la cour des grands et va participer a tous les rallyes cette saison. Il débute par une 8e place au Monte-Carlo avant de remporter en Suède sa première spéciale (SS14), il devra finalement abandonner sur problème mécanique.
Le rallye suivant, au Mexique, lui permet de signer une belle 5e place avant d'alterner le bon et le moins bon... au Portugal, il sort de la route et repart en SuperRally pour finir 14e, loin des points. En Argentine, Tänak démarre bien mais collectionne les crevaisons et se retrouve a un moment 37e! Il fera un retour incroyable pour prendre le point de la 10e place. En Grèce, un problème de suspension le pousse a abandonner et repartir encore une fois en SuperRally. Il ramene tout de meme la 9e place et 2 points. En Nouvelle-Zélande, il sort de la piste avant de rebondir en Finlande et remporter une 6e place. Malheureusement il fait 2 sorties de route consécutives en Allemagne et en Grande-Bretagne. Il revient une nouvelle fois en force et prend une 6e place en France avant de remporter son premier podium en Italie (3e):
Le dernier rallye de la saison aura pu être la cerise sur le gâteau: il mène le rallye de Catalogne le 1er jour et sort de piste lors de la dernière spéciale alors qu'il était 5e. Il finit la saison 8e avec 52 points et 5 abandons en 13 rallyes.
Le dernier rallye de la saison aura pu être la cerise sur le gâteau: il mène le rallye de Catalogne le 1er jour et sort de piste lors de la dernière spéciale alors qu'il était 5e. Il finit la saison 8e avec 52 points et 5 abandons en 13 rallyes.
Mais ce dernier accident qui va pousser Ford et M-Sport a remercier Tänak qui devra se contenter en 2013 de la scène nationale estonienne a la tète de son équipe OT Racing. A cet époque il ne pense même pas a revenir en WRC... mais des opportunités vont le faire revenir.
2014-2016: retour chez M-Sport et DMACK
2014-2016: retour chez M-Sport et DMACK
Tänak rejoint DMACK World Rally Team en 2014, équipe pour laquelle il conduit une Ford Fiesta R5 en WRC2. Il conduira aussi 3 rallyes avec M-Sport en WRC (Suede 5e, Portugal, Sardaigne) et le dernier rallye de la saison (Galles) avec DMACK ou il ramène une belle 7e place.
En 2015, les choses s’accélèrent avec le départ a la retraire de Mikko Hivonen chez M-Sport. Tänak retrouve son volant dans l'équipe et offre une saison, peut être moins folle qu'en 2012 mais beaucoup plus mature et régulière avec un seule abandon durant le dernier rallye. Il égale sa meilleure performance avec une 3e place au rallye de Pologne.
A noter aussi: une 4e place en Suede, 5e place au Portugal, 5e place en Finlande, 6e en Australie.
Bilan final: une 10e place avec 63 points.
Bilan final: une 10e place avec 63 points.
En 2016, il retourne chez DMACK WRT, mais pilote la même voiture que ces dernières années, une Ford Fiesta RS WRC. Sa régularité et ses progrès se confirment avec une 8e place au championnat du monde mais bien plus de points: 88. Il signe également son meilleur résultat, deux deuxiemes places, en Pologne et au Pays de Galles.
Sa régularité est excellente puisque sur 13 rallyes (rallye de Chine annulé), il termine dans les points a 9 reprises. Il abandonne 2 fois et termine donc 2 fois en-dehors des points.
L'éclosion du champion: 2017-2018
L'éclosion du champion: 2017-2018
Cette régularité va être récompensée puisqu'il retourne chez M-Sport en 2017 aux cotés de Sébastien Ogier, le champion du monde en titre (et quadruple champion du monde alors ; il en gagnera 2 autres avec M-Sport) qui a du trouver un volant après le retrait soudain de Volkswagen.
Cette année marque aussi une important changement puisque Tänak change de co-pilote. Martin Järveoja prend la place de Raigo Mõlder.
Ce changement s’avère judicieux puisque la paire estonienne enchaîne une 3e place au Monte-Carlo, une 2e place en Suède et une 4e place au Mexique. Malgré une 11e place en Corse, Tänak renoue avec le podium en Argentine (3e) et arrache une 4e place en Argentine alors qu'il menait le rallye mais a percuté un talus...
Ce ne sera que partie remise puisque le rallye suivant, en Sardaigne, Tänak remporte enfin le 1er rallye de sa carriere en WRC.
Il faillit a rééditer cet exploit en Pologne mais une sortie de route durant la dernière journée le prive d'une seconde victoire consécutive. Il ne faudra pas attendre bien longtemps cependant pour le retrouve de nouveau sur la plus haute marche du podium. Apres une décevante 7e place en Finlande (un rallye qui lui réussit plutôt bien d'habitude), il s'offre sa 2e victoire en Allemagne.
Il termine l'année avec 2 nouveaux podiums en Espagne (3e) et en Australie (2e) et troisième au classement général avec 191 points, ce qui constitue sa meilleure performance en WRC. Ogier, son coéquipier remporte son 5e titre avec 232 points, le Belge Neuville prend la 2e place avec 208 points.
Il attire ainsi l'attention d'un constructeur qui monte en puissance et veut profiter de l'éclosion de ce chamion. Toyota Gazoo Racing fait signer Tänak pour 2 ans. A ses cotés, les Finlandais Latvala et Lappi.
Bien que beaucoup pensaient que Tänak aurait besoin de temps pour s'adapter a la voiture et l'équipe, il démontre dés le 1er rendez-vous 2018 au Monte-Carlo, avec une seconde place, qu'il faudra compter avec lui... Malgré deux rallyes décevants en Suede et au Mexique, il retrouve ses bonnes habitudes et signe une seconde place en Corse puis remporte sa 1e victoire avec Toyota en Argentine.
Il remportera 3 victoires consécutives en Finlande, Allemagne et Turquie. Il se retrouve ainsi totalement relancé dans la course au titre. Apres la Turquie, il est 2e a 13 points de Neuville et devance son ancien coéquipier (le future champion 2018), Sébastien Ogier, de 10 points. Il reste alors 3 rallyes a disputer.
Au rallye de Galles, il mène le rallye avant d'endommager son radiateur a la réception d'un saut... au lieu de prendre la tete du championnat, il est maintenant a 14 longueurs d'Ogier et 21 de Neuville. Avec 2 rallyes restant tout est encore possible cependant...
En Catalogne, apres avoir mené la 1e journée, il est victime d'une crevaison qui lui coute 2 minutes et le font redescendre en 8e place. Malgré sa victoire a la power stage (+5 points) et 2 places gagnées grace a ses coéquipiers, il ne termine que 6e et voit le titre s'éloigner. Il est désormais a 23 points d'Ogier et 20de Neuville.
Mathématiquement tout est encore possible puisqu'une victoire rapporte 25 points et une victoire a la power stage donne 5 points supplémentaires. Au total, il est possible d'accumuler 30 points lors d'un rallye. Mais il faudra compter sur des erreurs de ses concurrents en Australie.
Après deux journées en Australie, il occupe la tète et prend provisoirement la 2e place au championnat alors que Neuville rencontre des soucis divers. Ses rêves viennent se briser quand il rencontre un problème de transmission et doit abandonner.
Il devra une nouvelle fois se contenter de la 3e place au championnat (181 points) mais aura démontré avec 4 victoires qu'il pouvait se battre avec les meilleurs. Maigre lot de consolation, Toyota remporte le championnat des constructeurs.
2019: domination totale
Sans ces quelques moments de malchance (ou peut etre est-ce une faiblesse de la Toyota?), Tänak aurait aisément pu (dú?) remporter le championnat en 2018. 2019 va bien démontrer cela et l'Estonien va utiliser tout le potentiel de sa machine pour aligner les victoires et remporter le titre avant même le dernier rallye qui devait se dérouler en Australie mais sera finalement annulé a cause de feux de forêt.
Sur les 13 rallyes disputés, Tänak en remporte 6 (Neuville 3, Ogier 3 et Sordo 1), obient deux 2e places, une 3e place.
Il remporte le championnat avec 263 points contre 227 a Neuville. Ogier ne finit que 3e avec 217 points et une Citroën en mal de performances. L'équipe française annonce en fin d'année son retrait du WRC avec effet immédiat.
2020: un nouveau challenge
2020: un nouveau challenge
Le départ de Citroën précipite les transferts et Tänak , dont le contrat arrivait a échéance, rejoint Hyundai en 2020, aux cotés de Thierry Neuville. Sébastien Ogier en profite pour prendre le place de l'Estonien chez Toyota et peut etre retrouver une voiture compétitive...
Nous en saurons plus fin Janvier durant le rallye du Monte-Carlo sur les forces en présence.
Mise a jour Decembre 2020
Début de saison mitigé pour Ott Tänak qui, après une sortie de route et un abandon au Monte-Carlo, signe une encourageante 2e place en Suède.
Mise a jour Decembre 2020
Début de saison mitigé pour Ott Tänak qui, après une sortie de route et un abandon au Monte-Carlo, signe une encourageante 2e place en Suède.
Tänak confirme au Mexique alors qu'Ogier gagne son 1er rallye de la saison avant un trêve forcée due a l’épidémie de COVID-19. Il n'y aura donc aucun rallye de Mars a Septembre.
Et c'est l'Estonie qui accueille pour la première fois une épreuve WRC en Septembre après 6 mois d’arrêt pour les pilotes. La star locale brillera sur ses routes et remportera son seul rallye de la saison, un maigre lot de consolation puisque ses espoirs de titre s'envoleront en Turquie avec seulement 4 points engrenées dans la Super Spéciale (sortie de route, problème de direction).
Alors qu'Evans arrive en Italie, dernier rallye de cette courte saison, avec 14 points d'avance sur Ogier, c'est le Français qui profite d'un accident de son coéquipier pour s'adjuger la victoire et un 7e titre de champion du monde WRC.
Tänak finit 3e du championnat avec 105 points et une seule victoire sur 7 rallye disputés.
Ott Tänak - The Movie
Avec de tels succès, Tänak a même droit a son film: