Des élections conduites de façon calme et professionnelle, conformément aux dispositions nationales et internationales
Le 6 Mars, un groupe de 28 observateurs indépendants venus de Suède, Lituanie et Biélorussie dans le cadre du projet « Election Observation : Theroy and Practice » ont évalué les élections législatives estoniennes 2011.
Ils se sont concentré sur le respect des procédures électorales et ont pour cela visité 135 bureaux de vote (22%) afin d’apprécier le processus de scrutin sur les bases des standards internationaux, des principes de l’OSCE et de l’Electoral Act estonien.
Toutes les équipes de la mission ont souligné le fait que le vote était extrêmement bien organisé et que les processus définis par la loi étaient correctement suivis.
Le personnel présent dans les bureaux de voté était par ailleurs prêt à aider et renseigner les électeurs et les observateurs. Ces-derniers ont pu se rendre compte de leurs connaissances et de leur capacité à fournir diverses informations, non seulement en Estonien mais également en Russe.
Les cas de vote en groupe (familles…) ont été évités et la pratique du bulletin pré-plié a été utilisée afin de garantir le secret du vote.
Toutes les autres explications affichées dans les bureaux étaient claires et ont permis une excellente compréhension des procédures de vote pour les électeurs.
Des défauts de procédure dans quelques bureaux
Cependant, les observateurs ont exprimé une certaine préoccupation sur des déviations dans le processus de comptage des bulletins. Ils ont remarqué une absence de pratique standard et uniforme dans tous les bureaux et quelques déviations dans les protocoles.
Par exemple, les bulletins non utilisés durant la journée n’ont pas été annulés comme le demande la procédure mais ils ont été conservés jusqu’à la fin du comptage des bulletins.
Les observateurs ont ainsi remonté que dans certains cas, la procédure de comptage des bulletins n’était pas suivie à la lettre. Le décompte n’était pas totalement transparent dans tous les bureaux, et parfois le nombre de votes et de bulletins n’était, au final, pas identiques. Il y a eu quelques cas où les bulletins n’étaient pas retrouvés alors que le registre avait été renseigné. Les résultats non-concordants auraient été corrigés de manière obscure, sans explication ou commentaire précis à ce sujet.
Cette série d’opérations non conformes ont permis d’élever certains doutes quant à la précision des résultats présentés par quelques bureaux.
Ils ont également fait remarquer qu’il n’était pas évident de distinguer les observateurs des autres personnels autorisés. Par ailleurs, une pièce d’identité n’a pas toujours été demandée aux observateurs.
Les protocoles de compilation des informations et d’envoi vers le Comité National des Élections ont également différé d’un bureau à un autre.
Malgré ces quelques erreurs procédurales, ces élections ont été jugées en accord avec les standards nationaux et internationaux.
En Russie, on n’est pas de cet avis…
Depuis Varsovie, Ria-Novosti explique dans un article publié hier que des observateurs d’une autre ONG (dont aucun média sérieux n’a relaté la venue) avaient conclu que ces élections n’étaient pas totalement démocratiques.
C’est ce que Marina Kotchetkova, la responsable du groupe d’observateurs CIS-EMO, une ONG enregistrée en Russie (tiens, tiens…) souligne pour différentes raisons.
Les observateurs de cette ONG auraient « trouvé étrange que 27,4 % des électeurs aient voté par anticipation ». Un aspect qui ne devrait cependant pas les surprendre puisque ce n’est pas une pratique nouvelle en Estonie (voir mon article : le point sur les votes au 2 Mars). C’est d’autant moins étrange que plus de 16% d’Estoniens ont envoyé leur vote par Internet.
D’autres points aussi absurdes ont été soulevés et remettent largement en question le sérieux de cette mission d’observateurs :
- « Tous les participants au processus électoral n’avaient pas un accès égal aux médias » – ce qui est le cas dans tous les pays du monde il me semble, même dans les pays les plus démocratiques.
- « De nombreux habitants russophones sont privés du droit de vote » - Il s’agit de russes résidant en Estonie mais ne satisfaisant pas les conditions pour acquérir la citoyenneté estonienne. Ils ont cependant le droit de vote aux municipales. Dans les conditions minimales pour satisfaire à des élections démocratiques, l’ACE Electoral knowledge network explique qu’« aucune cause d'exclusion ne doit exister […] sauf celles expressément prévues par la Loi » ; ce qui est le cas en Estonie.
- « La presse aurait engagé une campagne visant à discréditer un des principaux partis d’opposition. A cet effet, elle a utilisé des enregistrements de conversations téléphoniques privées, ce qui ne correspond pas aux valeurs admises dans une société démocratique » - Ceci renvoie clairement à l’affaire Edgar Savisaar qui aurait reçu 1,5 millions d’euros de la part de Moscou pour renforcer l’influence russe en Estonie (voir http://news.err.ee/Politics/470ffabc-3d38-4148-b777-80a6fd728e51). Or, dans une affaire de corruption, il semble tout à fait légitime d’avoir recours aux écoutes ou relevés téléphoniques.
On pardonnera donc volontiers au magazine pro-russe Ria-Novosti de relayer le discours propagandiste de CIS-EMO, une soi-disant ONG, et de ne pas avoir digéré que le parti russophone estonien n’ait récolté que 0,9% des voix lors de ces élections.
L’influence de Moscou en Estonie s’amenuise de jour en jour malgré les efforts financiers de la Russie dont les méthodes n’ont guère changé depuis la révolution bolchévique : propagande, mensonges et tentatives de réécriture de l’histoire se répètent comme le refrain d’un mauvais hit du top50 dans nos têtes.
Le rapport complet des observateurs (en anglais) : http://www.eotp.info/sites/default/files/documents/Press-release%20EOTP_EE_English.pdf