27 mai 2009

WWF: l'algue "invisible" menace la mer baltique

Estonie-Tallinn
Dans un rapport paru le 19 Mai 2009 sur son site, le WWF attire l'attention sur une "floraison printanière" sur les côtes de la Baltique.

Cette année, les pays bordant la mer ont subi la plus forte floraison de ces 15 dernières années. Ce phénomène est bien connu des scientifiques mais, puisqu'il se produit de Mars à Mai quand peu de personnes ont envie de mettre les pieds dans l'eau, son impact sur l'environnement est quasiment inconnu et surtout peu discuté en dehors des sphères scientifiques.

Et pourtant, cette floraison est gigantesque: "la quantité d'algues moyenne produite durant le printemps dans la Baltique représente un chargement transporté par un million de camions qui constitueraient une ligne aller-retour allant du Cap Nord à Gibraltar, soit 12 000 km!
Seul l'apparition d'algues bleues-vertes durant l'été peut rivaliser en termes de quantité avec cette floraison.

Les algues mortes et en décomposition se déposent dans les fonds marins où elles consomment l'oxygène alentour. La conséquence est l'apparition de "zones mortes" d'environ 2,5 mètres au-dessus du plancher (lors d'un printemps normal) où l'oxygène est alors inexistant. Ces zones mortes ont une influence néfaste sur la reproduction et le renouvellement des espèces de poissons commerciaux comme le cabillaud ou les poissons plats (pleuronectiformes pour les érudits).
Cela s'ajoute également au cercle vicieux de l'eutrophisation (apport de substances d'origine industrielle dans une eau stagnante qui entraine un déséquilibre biologique résultant notamment d'une baisse de la quantité d'oxygène) en re-rejetant du phosphore depuis les fonds marins. Le phénomène est appelé "internal loading".

Puisque le niveau d'oxygène est déjà faible dans les couches inférieures, des floraisons printanières importantes peuvent empêcher le renouvellement efficace de l'écosystème. L'intensité de ce phénomène est grandement contrôlé par le montant d'azote rejeté dans la mer par l'agriculture, les eaux usagées et la combustion d'énergies fossiles.

Les zones mortes créées par décomposition de ces algues printanières rejettent davantage de phosphore via le phénomène d'internal loading. Le phosphore est également un des facteurs menant à l'apparition des algues d'été. Plus nombreuses, celles-ci ont la (malheureuse) capacité d'enrichir l'eau en azote, refermant ainsi le cercle vicieux!

"Les mécanismes de ce cercle vicieux montrent qu'il est primordial de réduire les rejets de phosphore et d'azote dans la mer Baltique" clame Pauli Merriman, directeur du Programme WWF Baltic Ecoregion.

Les solutions selon lui passent tout d'abord par l'amélioration de l'assainissement des eaux usagées, l'interdiction des phosphates dans les détergents. Résoudre le problème de l'eutrophisation nécessite un changement radical au niveau de la politique agricole européenne. les subventions utilisées afin de promouvoir la production devraient supporter un développement rural responsable, soucieux de son environnement, durable.

Le rapport complet en anglais