8 janvier 2010
L'Estonie à l'aube de 2010
D'après une étude Emor menée auprès d'un échantillon de 500 personnes en Novembre 2009, le soutien des Estoniens à l'entrée de leur pays dans l'euro-zone se situe à 47%.
Même si ce chiffre est toujours élevé (il était de 50% un an auparavant), ils sont maintenant 41% à désapprouver l'arrivée de l'euro.
Bien qu'il existe encore des doutes sur la capacité de l'Estonie à respecter les critères d'entrée en 2010, la Commission européenne avait annoncé en Novembre qu'il était possible que le pays adopte l'euro dés 2011 alors qu'il se trouve toujours en plein marasme économique.
Après une longue période de très forte croissance, son PIB avait commencé à chuter en 2008 à -3,6%. En 2009, c'est un gouffre qui est attendu avec une probable contraction du PIB comprise entre -14 et -15%.
La crise et les multiples mesures de rigueur gouvernementales ont considérablement fait reculer le pouvoir d'achat et entraîné une légère déflation à -0,1% en 2009.
L'euroscepticisme révélé par le sondage, en partie dû à cette période de mal être, a été supporté par l'attentisme d'un gouvernement obsédé par l'euro et qui a oublié de s'attacher à des sujets aussi importants que l'emploi ou la relance de l'économie.
Son seul objectif cette année aura été de réduire les dépenses à tout va afin de respecter les critères d'adhésion à l'euro. Aujourd'hui, on veut faire croire aux Estoniens que l'euro sera le remède miracle qui redonnera confiance aux investisseurs.
Mais certains commencent à se rendre compte que cet argument n'est que du vent et n'a pour but que de leur faire avaler une pilule aujourd'hui coincée au travers de leur gorge?
Les Estoniens ne s'en sortent plus. Les salaires - déjà bien peu élevés- sont en baisse, le prix de l'électricité (et du chauffage, non négligeable en cette période de grand froid) et de l'essence exorbitants par rapport à leurs revenus.
Nous l'appellerons Kadri, elle est propriétaire d'un petit appartement dans le centre de Viljandi, (une petite ville de 20 000 habitants au centre du pays) une aubaine mais elle a bien du mal à joindre les deux bouts. Pourtant elle travaille, dur, malgré une deuxième baisse de salaire en six mois. Pourtant, elle atteint ses objectifs, son magasin fonctionne; contrairement à celui de Tallinn pour qui elle et ses collègues doivent "payer" par solidarité! Alors voilà, elle reçoit environ 5000EEK (environ 320€) mensuels net et une facture d'électricité pour Décembre de 3000EEK (200€)... et pourtant elle travaille à plein temps et n'a pas de loyer à payer...
Ce n'est pas un cas isolé. Le chômage est en pleine expansion, les chiffres officiels annoncent 15% mais la vérité est plus proche au moins des 20%, les allocations et autres aides sont presque toutes en baisse, pour ainsi dire quasi-inexistantes, beaucoup de foyers sont endettés en euro et ne voient plus vraiment ce que cet eldorado européen pourrait leur apporter de plus.
Le gouvernement a fabriqué de l'euroscepticisme en masse.
Et pourtant, malgré tous ces soucis, les Estoniens continuent à se battre et à essayer d'y croire. Certains noient leur peine dans l'alcool, d'autres dans l'eau de cologne ou du haut d'une falaise... Les Estoniens ont un fort caractère. Se plaindre, faire la grève, ce n'est pas leur mentalité. Ils rigoleraient bien s'ils savaient que certains, en France, osent se mettre en grève car ils n'ont pas au d'augmentation cette année...
Deux Mondes, deux mentalités différentes! Alors l'euro, qu'il soit là ou pas en 2011, à vrai dire, ça ne changera pas grand chose pour eux.
Les investisseurs censés se bousculer aux portes de l'Estonie ne sont que pure imagination du Ministre des Finances, Jürgen Ligi.
Même s'ils avaient existé, ils auraient été renvoyés à coups de pieds par le gouvernement lui-même ; lui qui a tué la Bourse de Tallinn en délistant son fer de lance Eesti Telekom ; lui qui a laissé s'enliser la compagnie aérienne nationale Estonian Air et qui aujourd'hui voudrait la racheter pour 1EEK ; lui qui a fait des coupes dans son budget a trois reprises et n'a réussi à récolté le montant attendu d'impôts qu'en prenant la décision unilatérale de se verser des dividendes énormes sur le dos d'entreprises publiques... ; lui qui n'a finalement développé aucune vision sur le long terme afin de rassurer les potentiels investisseurs.
Aujourd'hui, qui attend à la porte de l'Estonie? Les Estoniens.